Le grand paradigme relatif à l’alimentation est que l’on est obèse parce que l’on mange trop calorique. Le raccourci (croyance) qui s’est très vite imposé est qu’il faut manger hypocalorique pour être mince et beau/belle. Cette croyance peut aller jusqu’à une phobie alimentaire chez certains patients qui développent des troubles des conduites alimentaires nécessitant une prise en charge multidisciplinaire.
Cette croyance peut se traduire par des réflexions du style :
Bref des croyances qui ont de quoi affoler notre pauvre petit cerveau et en particulier notre hypothalamus… En effet, les spécialistes savent qu’il ne faut pas priver notre système nerveux des messages nécessaires à son équilibre. Ainsi dans les années 90 et au début du 21ème siècle, les travaux de Richard et Judith Wurtman au MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont montré que la biochimie du cerveau influençait notre manière de manger tout comme notre manière de manger influençait la biochimie de notre cerveau. Et là, nous ne sommes pas sortis de l’auberge quand les croyances diverses commencent à dicter ce qui est bon pour nous.
Dans un ouvrage intitulé « Neurosciences à la découverte du cerveau »,
nous pouvons lire :
« Il semble que les américains soient toujours en train de tenter de perdre du poids. Les nourritures allégées qui ont fait leur apparition dans les années quatre-vingt-dix ont laissé la place à tout ce qui est light. De fait, modifier ses habitudes alimentaires en termes de contrôle de ses calories peut réellement modifier le métabolisme de l’organisme. Ceci peut également affecter les fonctions cérébrales. L’influence des régimes sur le cerveau est notable de façon sensible sur les systèmes neuro-modulateurs. Prenons l’exemple de la sérotonine… »
Ce neurotransmetteur est perturbé par nos régimes restrictifs. Or, il influence notre humeur et agit aussi au niveau de l’hypothalamus pour modifier notre envie de manger. Il n’est cependant pas le seul loin s’en faut qui se trouve perturbé par nos comportements alimentaires incohérents.
Ceci permet de comprendre pourquoi on entend si souvent en consultation :
« Oh docteur, je manque de volonté. Je n’arrive pas à contrôler mes envies de manger. »
L’explication simplifiée de la régulation hormonale et hypothalamique des conduites alimentaires et du tissu adipeux est souvent le moment d’une grande excitation et d’une grande remise en question.
En effet, si la régulation du comportement alimentaire se fait au niveau hypothalamique, il est difficile de concevoir un contrôle à long terme de la prise alimentaire par notre cerveau qui pense et qui croit. En effet, l’hypothalamus gouverne des fonctions automatiques liées à la survie de l’espèce et de l’individu. Nous tentons l’impossible en voulant le contrôler.
Prenons un exemple simple. Puisque l’hypothalamus commande l’ovulation chez la femme, pensez-vous raisonnable d’utiliser comme moyen de contraception le fait de penser pour empêcher l’ovulation ? Non bien sûr… Et pourtant nous agissons ainsi pour la nourriture…
Nous considérons qu’il ne faut pas manger plus de 1000 kcal par jour, nous considérons qu’il ne faut pas manger tel ou tel aliment après telle heure, nous sautons le petit déjeuner, nous n’avons pas le temps de manger suffisamment à midi ou nous prenons une salade… Et nous sommes surpris d’avoir des envies irrépressibles entre 16 et 19 heures le plus souvent.
En réalité, par nos comportements, nous avons privé notre hypothalamus d’une multitude de messages convergents assurant le sentiment de satiété.
C’est-à-dire des messages qui nous disent :
« ok tout va bien, calme-toi, tu n’as pas besoin de manger ».
Pire, nous avons empêché notre hypothalamus d’envoyer des messages à une partie de notre système nerveux pour augmenter notre dépense calorique.
Voici un schéma présentant le fonctionnement de ces conduites alimentaires :
En d’autres termes :
Si l’hypothalamus est satisfait, je n’ai pas faim ou envie de manger entre les repas et je brule plus de calories.
Si l’hypothalamus est insatisfait, j’ai faim ou envie de manger et je brule moins de calories alors que la plupart du temps je craque et mange des aliments très caloriques de manière compulsive. Je prends donc du poids même si dans un premier temps je peux en avoir perdu. Ceci est à la base de l’effet yoyo.
Le but est d’alors expliquer comment faire pour arriver à l’équilibre. Il faut particulièrement protéger les enfants et les adolescents des croyances de la société en raison de leur immaturité et de leur manque de connaissance dans le domaine de la physiologie humaine. Ce dernier point, ils le partagent avec la majorité des adultes.